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Le pied d’un point de vue neurosensoriel


En posturolgie, on considère que les os, les articulations et les muscles constituent la sortie du système postural. On va donc en tenir compte, mais ce qui nous intéresse davantage ce sont les phénomènes qui se situent en amont de cette sortie, et qui déterminent la sortie : ce qui se passe au niveau des entrées du système, et notamment la peau plantaire et les très nombreux capteurs qu’elle contient. « La peau commande le muscle. » Philippe Villeneuve. Le mépris pour le pied est très socio-culturel. On remarquera l’importance accordée à juste titre au pied par d’autres civilisations, celles ont compris empiriquement et intuitivement l’étendue de son rôle, non seulement mécanique, mais aussi neurosensoriel. Saviez vous que la peau et le système nerveux partagent la même origine embryologique ? (l’ectoblaste, le tout premier feuillet composant l’être humain) Encore une fois, pourquoi séparer les choses ? Étant en contact avec le sol, le rôle du pied est donc double : effecteur mais aussi et surtout capteur sensoriel, une véritable “rétine tactile“, pour reprendre l’expression de Misery. (2000) Un moyen simple et visuel de s’en convaincre estl’homonculus de Penfield (1950), qui représente l’importance fonctionnelle des différentes parties du corps. En proportion, le coté moteur (en rouge) du pied apparaît déjà important, mais c’est au niveau sensitif (en bleu) que cette disproportion est la plus forte : presque aussi grand que la main, et plus que le torse.

Les récepteurs plantaires ont été très bien décrits (Thoumie 1999, Macefield 2005, Perry 2006, Soriot 2013.), ainsi que leur répartition (Kennedy et Inglis 2002), et leurs seuils de perception.

Il y a donc une très grande diversité anatomique et fonctionnelle des capteurs plantaires, ce qui les rend capables de coder pour les informations de douleur, de force, de pression, de cisaillement, de discrimination, et de qualité du support (texture, dureté…), de manière extrêmement fine et précise.

Leurs seuils de perception sont extrêmement bas, il ont été établis :

- en pression : 10 mN (Vedel et Roll 1982),

- en déformation : 5 microns (Wergner et al 1965),

- en discrimination : 2 mm (Lamoulie 1980).

 Il est important de garder à l’esprit que le Système Postural a un fonctionnement non linéaire.

(Martinerie et Gagey 1992, Mykelbust et al 1995, Tian et He 1997, Cao et al 1998, Usachev 2008).

C’est malheureusement totalement contre intuitif mais il n’y a aucune proportionnalité entre les causes et les effets (Poincarré 1908) : l’expression utilisée habituellement pour imager ces systèmes chaotiques est « effet papillon ». (Lorentz 1963, 1979)

De nombreuses études soulignent le rôle majeur des informations cutanées plantaires dans le contrôle postural.

Elles l’ont mis en évidence par deux types de méthodes : l’élimination de ces afférences (Simoneau et al 1995, Magnusson et al 1990, Chiang et Wu 1997, Weber et Gagey 1998…), ou leur stimulation (Kavounoudias et al 1998, 1999, 2001, Nurse et al 2005, Forth et Lane 2007, 2008, Janin et Dupui 2009…).

Voilà des conclusions intéressantes de certains de ces auteurs :

- Fitzpatrick et McCloskey (1994) « Les capteurs extéroceptifs plantaires sont le moyen le plus performant d’informer des oscillations posturales. »

- Kavounoudias et al (1998) : « La sole plantaire fonctionne comme une carte dynamométrique qui quantifie les pressions plantaires. »

Lorsque le mât humain (voir Qu’est ce que c’est ?) s’incline dans une direction, les capteurs plantaires perçoivent l’augmentation de pression sous la zone plantaire vers laquelle le sujet s’incline. (voirComment ça marche?).

Afin d’assurer l’équilibre, le système nerveux réagit en mettant en jeu les chaînes neuro-musculaires permettant de recentrer le sujet.

Vous pouvez en faire simplement l’expérience : tenez vous debout (à distance d’objets gênants), les yeux fermés afin de mieux ressentir les information cutanées plantaires. Concentrez vous sur les pressions que vous ressentez au niveau de vos pieds, et laissez vous aller doucement en avant. Vous pouvez ressentir jusqu’à quel point vous pouvez vous incliner en avant (sans fléchir le tronc), et à quel point vous ressentez l’urgence de vous recentrer à mesure que la pression sous l’avant-pied augmente.

Dès que vous cessez de vous forcer à vous incliner en avant, votre Système Postural vous ramène automatiquement au voisinage d’une position d’équilibre. Cela ne peux être dû aux informations visuelles car vos yeux étaient fermés, ni aux afférences vestibulaires (oreille interne) car l’accélération était trop faible (Fitzpatrick et McCloskey 1994). Ce sont donc bien vos informations plantaires qui vous ont permis de garder l’équilibre (dans cette situation).

Vous pouvez donc dire merci à vos pieds, et en prendre soin, car ils jouent une part importante dans la fonction d’équilibre au quotidien, et ce, de manière automatique, sans que vous vous en rendiez compte !


NB : Si vous ne vous sentez pas capable de faire ce test seul(e), demandez à un proche de se tenir à coté de vous, prêt à vous rattraper.

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